35 km de Crest 2/3

Publié le 23 Mai 2012

Ce sera la 2ème difficulté de ce 35 km, mais bien plus pour ceux qui sont sur le long. J’ai une pensée pour ces "Aventuriers du Bout de la Drôme" qui doivent affronter ce massif après les 65 km d’efforts qu’ils ont déjà fourni. Ce sont des surhommes, je leur dédie mon respect et mon admiration.

Pour atteindre le pas de la Motte, le parcours emprunte un GR. Un panneau indique le col à 2.5 km, et là encore je marche. Je sais que cette montée sera dure, et j’analyse ma progression avec mon altimètre. Lise n’est pas très loin devant, elle peine plus dans les montées. Sûrement dû à un manque de fractionné. Je l’ai toujours dans le viseur de mon œil scruteur. Le chemin passe le long de marmites géantes, surprenant ! Je me demande comment elles sont arrivées là. Un mystère !

Crest-2012-063.jpgAllez ! Il faut continuer surtout que j’entends parler. C’est un coureur devant moi qui peine. Lise l’encourage. Vais-je moi aussi le dépasser ? Pas avant le Col. Je continue de marcher à un rythme régulier. Ma respiration est rapide, je transpire, je peine mais malgré cela je suis heureux d’être là. De temps à autre, une percée entre les arbres me fait admirer le paysage toujours plus haut et aussi beau. Le col n’est plus très loin, j’arrive en même temps que Lise.

Crest-2012-065.jpgCrest 2012 066Le pas de la Motte. 2ème contrôle des dossards. Je prends le temps de retrouver une respiration normale. Le contrôleur est seul et comme il s’ennuie nous entamons un peu la conversation. Il nous annonce que nous sommes dans les derniers, mais je sais que Sandrine et Dominique de Kikourou ne sont pas encore passés. Ils avaient décidé de le faire en rando, je suis presque comme eux, car je cours peu. Le coureur qui est avec nous est en préparation pour la diagonale des fous sur l’île de la Réunion, il est là pour peaufiner ce challenge et sa résistance, car, là-bas aussi, il en aura du dénivelé. Par contre il a fait une grosse erreur car il n’a presque plus d’eau. Hélas, je ne peux que lui donner quelques gouttes car aucun point d’eau jusqu’à Saoû.

Il est temps de repartir. À partir d’ici, plus de réseau téléphonique. Je ne peux plus donner l’état de mon avancement à Phil et Guy qui comme convenu, doivent m’accompagner sur la fin de la course. Ils sont allés s’offrir un petit repas à Saoû. Ils vont s’en mettre plein le ventre. Sans compter la bière et le vin qui vont accompagner leur délicieux repas. Attention Phil, à ton âge il ne faut pas trop faire d’écart, tu risques de garder ces quelques grammes de bonne chère pendant quelques années sur tes hanches. En attendant soigne-toi vite et reviens vite faire des trails avec tes copains de club.

courses-2421.JPGLa partie, entre le pas de la Motte et le pas de la Laveuse, restera pour moi la plus pénible. C’est une succession de montées et de descentes très pentues comme dans les montagnes russes et peu de plat. À peine une pente descendue, une côte se présente. Je ne sais combien de kilomètres les séparent mais au bout d’un moment cela devient épuisant. Tout d’un coup j’entrevois un coureur, c’est le premier du 100 km qui arrive d’un pas léger. Grande admiration. Nous le félicitons de toute notre force. Bravo, chapeau ! Vite, l’appareil photo pour immortaliser l’instant. Il nous double sans peine en nous demandant

" J’espère que vous profitez bien du paysage, il est splendide .

- On ne fait que cela, lui répondis-je au point d’en oublier le chrono".

Crest-2012-067.jpgLa dernière côte avant le pas de la Laveuse est un enfer. Je fais 20 mètres, je fais une pause, je m’agrippe aux branches, je mets les genoux par terre, tellement elle me tue.

Puis Lise m’annonce:

"ça y est, j’entrevois le pas".

Petite descente, puis les fameuses roches en forme de laveuse sont bien là. Encore une petite côte, une rubalise sur le panneau de randonnée qui nous annonce 1350m d’altitude. Là je pose mon cul. Je n’en peux plus. Lise, elle retrouve la forme et décide de continuer. Je ne la reverrai plus. Je bois beaucoup et mange une barre. Je sais que je suis au plus haut du parcours. Il ne va y avoir que de la descente et du plat jusqu'à l’auberge des Dauphins. Prochain passage délicat, la descente de la grande combe sur 6 km.

Après 10 mn de pause, je repars. Impossible de prévenir Phil et Guy pour leur annoncer l’heure approximative de mon arrivée. Alors je vais y aller aussi vite que je peux. Je croise un groupe de randonneurs. Il faut dire que c’est la fête de la nature, alors beaucoup de monde sur les chemins Drômois. Je commence enfin à courir. Le chemin est très large. Je descends assez rapidement. Pas de douleur, j’essaie de gratter quelques minutes.

Le virage du pré de l’âne. Nouveau contrôle. Plus que 6 km et il y aura le ravitaillement, Phil, Guy, bref un peu de civilisation. Toujours impossible de les joindre.

La descente de la Combe.

Crest-2012-068.jpgNouvelle appréhension, le chemin est truffé de pierres plus ou moins grosses et beaucoup de feuillage. Je me tors la cheville. La  douleur est supportable, j’arrive à continuer, clopin-clopant. Cette descente ne sera pas très agréable pour moi, seulement sur les 2 derniers kilomètres. Tant bien que mal j’alterne marche, sautillements et quelques pas rapides. Un passage entre deux grosses falaises en forme de zigzag sera la partie que j’appréhende le plus mais je la passe bien. Je constate qu'à cet endroit il y a des rubalises tous les 200 mètres alors qu’il y en avait beaucoup moins au départ de la course.

J’entends des pas, c’est le 2ème du 100 km qui arrive et me dépasse. Je le confonds avec petit poussin. Malgré la performance, il a une allure légère. J’ai l’impression qu’il vole plus que ce qu’il ne court. Il me tape sur l’épaule, et après, un grand moment de solitude. À part le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles et mon pas lourd, il n’y a pas grand chose. Je regarde ma montre, plus que 2 km avant le contrôle et déjà plus de 6 heures d’égrenées. À ce rythme là je ne verrai personne du 12 km. Peut être que Didier et Serge vont enquiller sur cette course qui démarre à 16h30. En attendant il faut continuer sans trop se poser de question. Bon jusqu’à maintenant il est vrai je n’ai eu ni problème, ni chute, alors je sens que je vais le termine ce trail.

Rédigé par phil

Publié dans #Course à pied

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D
Ces grosses marmites sont des charbonnières.
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I
les marmittes c'etait pour faire du charbon de bois.<br /> ca n'explique pas comment elles sont arrivées là...<br /> super recit comme toujours, j'ai l'impression de faire le trail rien quand lisant ce recit<br /> la suite ,la suite....
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