35 km de Crest 3/3

Publié le 24 Mai 2012

Auberge des Dauphins: 21ème km.

Avant dernier contrôle. Guy et Phil, en tenue de course à pied sont fin-prêts pour m’accompagner sur les 18,5 km restant. Je me restaure copieusement: eau, coca, jambon, biscuits et fruits secs. Je remplis ma gourde d’eau fraîche. Je suis un peu fatigué mais je me sens de continuer.

Pendant ma pause ravitaillement arrive la première féminine, Francesca de son prénom, Italienne de nationalité.

Applaudissements et admiration surtout quand elle nous fait ses étirements digne des danseuses du Crazy Horse. Il faut signaler que les coutures de son tee-shirt et surtout de son corsaire soulignent ses formes agréablement proportionnées. C’est aussi ça le charme de la course, il n’y a pas que le paysage. Mes yeux en brillent encore. Bon ! Pas le temps d’en dire plus, je dois parler de la course et non de mes fantasmes. De plus Phil et Guy doivent un peu éliminer leur repas.

Nous voilà partis, direction le pas du Faucon. Avant d’y arriver, nous empruntons d’abord une sente qui nous conduit sur le chemin des contrebandiers. S’ensuit un large chemin qui longe les crêtes nord de la forêt de Saoû. Cette portion est assez longue et monotone mais Phil et Guy sont là pour me donner des infos sur les coureurs du club en compétition. Quelques coureurs du 100 km nous dépassent encore. De nouveau je sens la fatigue revenir et malgré les encouragements de mes deux coachs, je marche plus que je ne cours. Le pas du Faucon n’est plus très loin, il faut que je garde le reste de mon énergie. La montée sera ardue.

Nous y voilà. 200 m de sévère dénivelé, alors je m’y atèle comme Phil et Guy bien plus en forme. Guy me filme avec son nouvel appareil. Certes je ne peux être que naturel, aucun trucage ne m’a été demandé. Nous remarquons dans la montée qu’il n’y a pas assez de repères. Il arrive qu’un doute apparaisse à certains croisements. Je comprends mieux, qu'avec la fatigue, l'on puisse emprunter des portions de chemin qui nous écartent du circuit officiel. Alors en coureurs bienveillants, Phil et Guy renforcent certains passages par des rubalises ou des pierres.

Le pas du Faucon. Ouf !Tuant ! Mortel !

Je fais une pause, je mets le cul par terre. Je suis la risée de mes deux Compagnons. Maintenant il va falloir le redescendre ce p..... de pas. C’est la même côte que pour le parcours de Piegros la Clastre mais en sens inverse. Cette portion, quelle soit montante ou descendante, n’est toujours pas une partie de plaisir pour moi. Mes jambes en tremblent encore. 200 mètres de D- bien raides ! Mes compères se sont régalés, moi j’ai dégusté. Un coureur du 100 km me dépasse dans la pente avec une souplesse toujours admirable.

Nous retrouvons un large chemin très roulant je vais réessayer de courir un peu. Le vent qui s’est levé rafraîchit l’atmosphère. Le centre équestre, dernier contrôle est hélas plus loin que ce que l’on m’avait annoncé. Je commence à pester. Avant d’y arriver une nouvelle épreuve m’attend. Une descente technique comme Phil et Guy aiment à me les voir descendre. Faut les voir jubiler les deux, le Phil part devant pour mieux me voir et mon Guy filme sans scrupules. Après coup c’est assez amusant, mais pas sur le moment. Scène cultissime qui se racontera pendant quelques temps au club.

Encore un peu de route bitumée, mais descendante

"Le centre n’est plus très loin" m’annonce Phil.

Entre temps je reçois un coup de fil sur mon portable. C’est l’organisation qui s’inquiète et me demande :

"Voilà longtemps que vous avez passé Saoû, je voulais savoir si vous avez des problèmes ou si vous voulez abandonner ? Je leur réponds :

- Je suis toujours en course, je vais bien et sauf blessure je devrais terminer. Je suis en compagnie de 2 copains de mon club et en cas de soucis, ils s’occuperont de moi."

Je trouve cela rassurant car j’ai appris plus tard qu’il y a eu plusieurs abandons.

Le centre équestre, 32ème km, petit ravitaillement.

Il y a de bière, je trinque avec mes deux complices. Il reste 8 km soit 4.5 km de plus que les 35 km prévu. Pour ceux du 100 km aussi, il faut rajouter cet "extra".

Vient ensuite un passage humide dans le lit d’une rivière. J’alterne course et marche. Franchissement de plusieurs barrières que Phil essaye de passer comme les coureurs de saut de haie. Sauf que sa technique est susceptible d’entraîner des problèmes d’hémorroïdes. Véridique.

Passage près d’un parc à chevaux, chers animaux de compagnie qui hélas ne supporteraient pas de vivre dans mon 37 m2. Une petite accélération, plaisir garanti. Montée sur une petite serre par une route bitumée puis un chemin de terre. Le vent souffle de plus en plus fort. Le soleil, qui ne va pas tarder à se coucher, donne des teintes rosées au ciel. Dernier coup d’œil pour entrevoir le parcours depuis le pas du Faucon.

Je regarde ma montre, déjà plus de 9 heures que je suis sur le parcours. Guy et Phil doivent se refroidir à force de s’arrêter pour m’attendre. Ils ne sont qu’à quelques pas mais j’ai toujours autant de mal à les rattraper.

Crest se dévoile enfin. Ça sent l'écurie, comme on dit en langage canasson. Il reste 2.5 km à faire. Encore un peu de descente sur un chemin de pierre, une route bitumée, une nouvelle courte montée et voilà le célèbre donjon dominant sa ville. L’arrivée semble proche maintenant. Une route descendante qui passe devant la maison de Gérard B. qui doit sûrement pédaler quelque part. Les premières maisons d’un lotissement, la route de Gap, passage sous un tunnel piétonnier, il reste 500 mètres. Je recommence à courir, motivé par les encouragements de mes deux acolytes. Je n’ai pas envie de m’arrêter, je trouve un peu de force pour activer le pas. Guy me filme. Je vois l’arche d'arrivée. Guy filme toujours. J’entends le brouhaha de la foule. Le speaker annonce mon arrivée, tonnerre d’applaudissements. Une montée sur l’estrade. C’est fini.

Voilà je termine en moins de 10h00. Aurélie vient me faire de grosses bises en guise de récompense. Je suis le dernier au classement et vraiment, malgré les difficultés rencontrées, l'exigence du parcours, je suis content de l’avoir terminé. C’est un peu la devise du trail. J’ai une pensée pour tous les coureurs qui ont fait ces deux parcours.